Témoignage de Brice - gay

Témoignage de Brice - gay

07/12/2017

Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours été attiré par les hommes. J’ai eu cette prise de conscience en CM1, donc vers 9-10 ans. Bien que je ressentais être « différent » des autres garçons, j’ai grandi avec cette idée d'évidence pour moi mais sans pour autant en parler à personne. Je me suis construit seul, naturellement, au fil du temps. A l’adolescence, j’ai essayé de faire comme tous les autres garçons de mon âge. Je suis sorti avec une fille ; une fille que j’appréciais mieux que les autres. Mais c’était comme si je voulais d’une part me conforter que j’étais bien homosexuel puisque même si j’étais bien avec elle, je n’avais aucune envie d'une relation plus sérieuse. Et d’autre part, comme si je voulais brouiller les pistes face à mes parents car je n’étais pas prêt à évoquer le sujet avec eux. Après cette petite tentative de « conformité », j’ai caché à mon entourage mes premières relations sexuelles puis mes premières relations sentimentales avec d’autres hommes.

Mais si mentir ou ne rien dire m'était toujours possible, mener une double vie devant les personnes les plus proches me paraissait une situation très inconfortable avec toutes les conséquences psychiques que cela aurait risqué d'entraîner. Je me suis donc fixé un objectif. Celui de ne pas passer à côté d’une belle histoire d’amour, et lorsque celle-ci se présenterait, de faire mon coming out pour ne pas vivre caché indéfiniment. Probablement aussi parce que faire son coming out lorsqu’on est en couple donne une force et une raison supplémentaire. C’est donc en couple, à 22 ans, que j’ai fait mon premier coming out. C’est auprès d’une amie que je me suis confié pour la première fois, assez maladroitement, plutôt gêné, l’un comme l’autre. C’est à ce moment bien précis que je me suis dit, « ça y est, c’est lancé, je ne peux plus faire machine arrière… » et en même temps, j’avais un sentiment de libération. Je ne portais plus seul ce poids. J’ai poursuivi ma démarche et j’ai continué mes coming out auprès de mes autres amis qui se sont révélés compréhensifs. Cela m’a rassuré car j’avais mis beaucoup d’espoir dans ces révélations. Toujours dans le but de vivre bien et donc ouvertement ma relation de couple, j’ai décidé d’en parler à mes parents quelques semaines ou quelques mois plus tard. Aussi parce que mes amis étant désormais au courant et venant d’une petite ville où tout le monde se connaît plus ou moins j’avais peur qu’on me « vole » mon coming out. Je voulais assumer et le faire moi-même. Mais l’envie n’enlève pas la crainte. Je pense que révéler son orientation sexuelle à sa famille devrait être simple car les personnes qui a priori vous aiment le plus devraient vous comprendre le mieux… Mais ce qui m’a freiné c’est la peur de briser la complicité que j’avais en particulier avec mon père. La peur de décevoir, de casser des illusions, la peur de faire du mal par rapport aux voisins, aux clients du commerce que mes parents tenaient… Peur d’être tout simplement rejeté.

C’est pendant cette période d’angoisse que je me suis rapproché de l’association CONTACT. J’ai participé à plusieurs Groupes d’Écoute et de Parole. J’y ai rencontré d’autres jeunes dans la même situation que moi mais surtout d’autres parents qui venaient d’apprendre l’homosexualité de leur enfant. Ces échanges ont été révélateurs pour moi. Si j’ai mis environ 12 ans à m’accepter, je venais de comprendre que mes parents allaient entamer cette même démarche à partir du moment où j’allais leur faire mon coming out. C'est en 2005 auprès de mon père que je me suis lancé car je me sentais plus proche de lui que de ma mère. Ce qui me marque encore aujourd’hui ce sont les larmes. Bien qu’étant en couple et heureux, bien qu’annonçant un épanouissement personnel, c’est avec des larmes que j’ai annoncé mon bonheur. Mes parents se sont alors posé probablement les mêmes questions que tous les parents dans ce cas-là. La chance que j’ai eue c’est d’y avoir été préparé : ce sont particulièrement les échanges que j’avais eu à CONTACT qui m’ont permis d'anticiper et de répondre à leurs préoccupations. Un peu de patience a été nécessaire, quelques discussions également mais rapidement les choses se sont apaisées. Et au final, une nouvelle relation plus forte est née, en particulier avec ma mère. De part ce fait, je peux dire que j’ai vécu mon coming out comme une « renaissance ». Lorsque mes parents ont à leur tour été prêts à évoquer le sujet, nous l'avons dit aux membres de la famille au fur et à mesure des occasions, et depuis les relations sont excellentes.

Brice, CONTACT Nord - Pas-de-Calais

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